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Page:Baudelaire - Lettres 1841-1866.djvu/372

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A MONSIEUR ANC ELLE

Jeudi, i/f Juillet.

Mon cher Aricelle,

Tout a échoué. Un mouchard ne peut pas réus- sir dans une ville aussi défiante. J’ai été malade (diarrhée continue, palpitations du cœur, angois- ses d’estomac) pendant deux mois et demi ! Le joli voyage ! Cependant, je veux qu’il me serve à quel- que chose, et je fais un livre, sur la Belg^ique, dont les fragments paraîtront au Figaro. La ques- tion des mœurs (mœurs, politique, clergé, libres- penseurs) est déjà rédigée ! Maintenant, il faut voir Anvers, Bruges, Malines, Liège, Gand, etc.. En somme ^ je saurai faire un livre amusant, tout en m’ennuyant beaucoup. Ici, tout a été con- tre moi. Tout m*a nui, surtout ma sympathie visible pour les Jésuites. Vous savez probablement dans quelle situation extraordinaire se trouvent la Chambre et le Ministère. J’espérais des coups de fusil et des barricades. Mais ce peuple est trop bête, pour se battre pour des idées. S’il s’agissait du renchérissement de la bière, ce serait différent.

Envoyez-moi, tout de suite, les i5o fr. du mois d’Août. Je partagerai cela entre moi et mon Hôtel, je garderai juste de quoi voir cinq villes. Par grand bonheur, les distances sont très courtes, et la vie (exécrable, d’ailleurs) à bon marché. Je compte que je recevrai vos i5o fr., samedi matin. Je par-