Page:Baudelaire - Lettres 1841-1866.djvu/414

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ne serai jamais si béte que lui. — On est bien partout (pourvu qu’on se porte bien, et qu’on ait des livres et des gravures), même en face de l’Océan.

Proudhon n’avait jamais lu Victor Hugo ; il aurait dû lire les poésies, mais on lui prêta Les Misérables (le déshonneur de Hugo) ; il annota les deux premiers volumes, ligne à ligne. Ce devait être une merveille de drôlerie : la logique corrigeant l’absence de logique ! — Or, le propriétaire belge de l’exemplaire (admirez le Belge !), trouvant son exemplaire souillé, a soigneusement effacé toutes les notes. Et voilà un monument perdu !

Qui donc a écrit au dos de l’enveloppe de votre lettre : Salut et Confraternité î ou Salut confraternel, ou Salutations confraternelles, — mots qui ont été salis par le timbre ? — Ce langage n’est pas celui de vos amis, — Mais cela m’a remis en mémoire les enthousiasmes et les drôleries de Février. Que c’est vieux déjà !

Savez-vous que les fils du roi Léopold reçoivent, avec l’assentiment de leur papa, une rente de l’Empereur Napoléon III, comme indemnité de leur part perdue dans l’héritage (saisi) de la maison des d’Orléans ? — Ames ignobles ! Dynasties condamnées ! — Notre Empereur est peut-être un grand coquin, mais il aime mieux la gloire que l’argent ; à cause de cela, il est intéressant. — Du reste, je vérifierai le fait avant de le publier. — Cela n’est pas facile.

Il me tarde de voir la Vie de César, et de savoir