Page:Baudelaire - Lettres 1841-1866.djvu/44

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douze feuilletons, dans votre journal, ainsi que j’avais le droit de l’espérer, tout aurait marché comme sur des roulettes. J’aurais fait mon livre avec l’argent que j’aurais légitimement tiré du Constitutionnel, et je ne serais pas obligé de vous avouer ce honteux embarras. Voulez-vous me tirer d’affaire ? Il s’agit de 500 et quelques francs. J’ai raconté, non sans embarras, mon cas à Roqueplan, ainsi que mon projet de m’adresser à vous. Il m’a conseillé de tout vous dire. Ma foi, je n’en ai pas eu le courage, et j’ai préféré vous écrire. Si vous m’aviez fait l’honneur de me faire un traité, j’aurais peut-être pu m’en servir pour me procurer de l’argent ; mais, en tout cas, je n’aurais pas pu l’exécuter tout de suite pour M. La Gueronnière, je suis trop pressé par ma nouvelle besogne. Aussi bien, j’aime mieux que les choses soient ainsi ; je n’ai pas le temps de faire sa connaissance, et j’éprouve moins d’embarras à vous écrire ceci qu’à lui demander l’insertion d’une nouvelle. Dans quatre ou cinq jours, je vous enverrai le travail dont je vous ai parlé. Je présume qu’alors votre esprit sera libre et pourra juger s’il a quelque valeur.

P. S. — Il me semble, — je ne saurais trop définir pourquoi, — qu’il y aurait impertinence et niaiserie à vous affirmer que je pourrais vous renvoyer cet argent prochainement. Tout cela doit vous inspirer une médiocre confiance en moi, — financièrement, du moins, — et d’ailleurs je vous avoue que je ne puis m’empêcher de croire qu’il