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47^ CHARLKS BAUDELAIRE

Hélas ! vous aviez donc encore raison. Je ne peux pas attendre le 3i Décembre. Heureusement, nous touchons à la fin de l’année, et la somme n’est pas forte. Si j’étais à Honfleur, je laisserais dormir mon revenu chez vous ; mais quand y serai-je ?

J’ai repris un peu l’habitude du travail. C’est tout ce que j’ai de bon à vous annoncer.

Le Monde Illustré m’a renvoyé mon manuscrit, en me disant de le retoucher, d’atténuer certaines choses que l’abonné ne pourrait pas supporter, etc.. Connaissez-vous quelque chose de plus bête et de plus tyran nique qu’un abonné ou qu’un ré- dacteur en chef ?

Je n’ai aucunes nouvelles de Julien Lemer et des frères Garnier, sauf que M. Hippolyte Garnier est rentré à Paris, le 26 Octobre ; et puis, — ce que je savais déjà, — c’est qu’avant de s’absenter il avait été consulter Sainte-Beuve sur la valeur de mes livres. — Julien Lemer m’a fait dire, par un de nos amis, qu’il voudrait bien voir mes notes sur la Belgique. Je soupçonne qu’il veut acheter le livre, lequel livre répugne à Garnier. J’ai donc remis le nez dans cet épouvantable fatras que j’avais depuis longtemps jeté de côté. Depuis quatre jours, je travaille à classer toutes mes notes et à construire une table des matières. J’en ai mal aux reins.

Mais, en supposant que Lemer me le prenne, les 800 fr. qu’il me donnera ne me tireront pas d’af- faire. Je ne puis être délivré que par la conclusion de l’affaire Garnier. Et comme ça traîne ! Gomme ça traîne !