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48o CHARLES BAUDELAIRE

apporter quelques bagatelles dans deux ou trois maisons, particulièrement chez Madame Hugo où j’ai longtemps fréquenté.

Maintenant, je ne vois plus personne, malgré votre conseil. J’aime mieux mon ennui que la dis- traction causée par des conversations insipides. Et puis j’ai l’esprit toujours tourné vers ma mère, ou vers ce maudit Julien Lemer. Rien ûc olus. D’ail- leurs, je ne peux plus quitter ma chamL’^e, ma coiffure fait scandale, même dans la cour.

Et vous supposez que je lis les fadaises de Paris et les bavardages d’un M. Rochefort,mais je con- nais trop bien ce qu’on appelle le petit journalisme, et les petites gazettes, et la littérature de café I Et vous me parlez du sieur Lanfrej, mais vous avez donc oublié ma haine contre ce qu’on appelle les libéraux. Le livre sur la Belgique est justement l’expression de cette haine. — Julien Lemer me Ta récemment fait demander, ou tout au moins le plan minutieux, l’argument. Je crois qu’il veut l’acheter. Mais, tant que je n’aurai pas l’espérance de quelques heures de répit dans mon crâne, je ne pourrai pas travailler.

J’ai reçu, il y a quelques jours, quinze jours à peu près, une visite agréable qui m’a un peu re- monté le caractère, — pour quelques heures. Un jeune homme de Paris, de mes amis, est venu me voir ; il avait rencontré Julien Lemer sortant de chez les Garnier, et prétendant toujours que la chose se ferait.

Lemer ne parle plus de 4.000 fr., mais de 6.000.