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Page:Baudelaire - Lettres 1841-1866.djvu/492

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CHARLES BAUDELAIRE

cheur d’âmes. Oii disait, je crois, la même chose de Socrate, mais les sieurs Baillarger et Lélut ont déclaré, sur leur conscience ^ qu’il était fou.

Voici le commencement d’une année qui sera, sans doute, aussi ennuyeuse, aussi bête, aussi cri- minelle que toutes les précédentes. Que puis-jevous souhaiter de bon ? Vous êtes vertueux et aimable, et (chose extraordinaire !) on commence à vous rendre justice !

Il n’y a ici que deux personnes avec qui je puisse causer de vous, mais de deux manières bien dif- férentes, Malassis et Madame Hugo.

Quand je suis retourné à Bruxelles, en Juillet, j’ai cru qu’un littérateur français ne pouvait se dis- penser de faire une visite à Victor Hugo. Ce senti- ment, dérivant d’une politesse innée, m’a jeté dans les aventures les plus baroques. Je vous raconterai cela, si jamais je vous revois. Car il me semble quelquefois, quoique je ne sois éloigné de mes amis que de six heures, que je ne les reverrai plus.

Madame Hup^o, seule, et malgré ses fils, entend votre nom et votre éloge avec plaisir. Le mot : grand poète ne l’étonné pas. Au fait, de ce côté-là, la clarté ne s’est pas assez faite. C’est peut-être moi qui aiderai le plus à la faire, si on veut bien encore imprimer une ligne de moi.

Je bavarde beaucoup trop, comme un homme nerveux qui s’ennuie. — Ne me répondez pas, si vous n’avez pas cinq minutes de loisir.

Votre bien affectionné.