Page:Baudelaire - Lettres 1841-1866.djvu/64

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femme s’enfonçant dans les ténèbres, il se lève de la pierre où il s’est assis : A la grâce de Dieu ! Si elle échappe, tant mieux ; si elle y tombe, c’est Dieu qui la condamne !

Il lui a indiqué la route où elle doit trouver un puits, presque à ras de la terre.

On entend le bruit d’un corps lourd tombant dans l’eau, — mais précédé d’un cri, — et les cris continuent.

Que faire ? On peut venir ; — je puis passer, je passerai pour l’assassin. — D’ailleurs, elle est condamnée… Ah ! il y a les pierres,— les pierres qui font le bords du puit !

Il disparaît en courant.

Scène vide.

À mesure que le bruit des pavés tombants se multiplie, les cris diminuent. — Ils cessent.

L’homme reparaît : Je suis libre ! — Pauvre ange, elle a dû bien souffrir !

Tout ceci doit être entrecoupé par le bruit lointain de l’orchestre. À la fin de l’acte, des groupes d’ivrognes et de grisettes qui chantent, — entre autres la sœur, — reviennent par la route.

Voici en peu de mots l’explication du dénouement. Notre homme a fui. — Nous sommes maintenant dans un port de mer. — Il pense à s’engager comme matelot. — Il boit effroyablement : estaminets, tavernes de matelots, musicos. — Cette idée : Je suis libre, libre, libre ! est devenue l’idée fixe, obsédante. Je suis libre !Je suis tranquille !on ne saura jamais rien. — Et comme il boit tou-