Page:Baudelaire - Lettres 1841-1866.djvu/65

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jours, et qu’il boit effroyablement depuis plusieurs mois, sa volonté diminue toujours, — et l’idée fixe finit par se faire jour par quelques paroles prononcées à voix haute. Sitôt qu’il s’en aperçoit, il cherche à s’étourdir par la boisson, par la marche, par la course ; — mais l’étrangeté de ses allures le fait remarquer. — Un homme qui court a évidemment fait quelque chose. On l’arrête ; alors, — avec une volubilité.une ardeur, une emphase extraordinaire, avec une minutie extrême, — très vite, très vite, comme s’il craignait de n’avoir pas le temps d’achever, il raconte tout son crime. — Puis, il tombe évanoui. — Des agents de police le portent dans un fiacre.

C’est bien fin, n’est-ce pas et bien subtil ? mais il faut absolument le faire comprendre. Avouez que c’est vraiment terrible. — On peut faire reparaître la petite sœur dans une de ces maisons de débauche et de ribote, faites pour les matelots.

Je suis tout à vous.

Vous me ferez vos observations là-dessus.

Je serais bien disposé à diviser l’œuvre en plusieurs tableaux courts, au lieu d’adoptef l’incommode division des cinq longs actes.

A POULET-MALASSIS

Mardi, 7 Février 1854.

Je vous remercie de tout mon cœur ; il est impossible de ne pas faire crédit à quelqu’un qui le