Page:Baudelaire - Lettres 1841-1866.djvu/66

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demande si gracieusement. — Il y avait bien longtemps que j’étais privé d’un Lucain, — Quant aux romans, je ne les connais pas du tout.

Je dirai simplement à Champfleury de se rappeler qu’il vous a promis quelque chose.

Une autre fois, je vous écrirai plus longuement ; je suis pris dans une insupportable occupation.

Tout à vous.

Je n’ai du reste aucun reproche à vous faire. Il n’y a pas cette fois trop d’esprit dans votre lettre.

A MADAME SABATIER

Mardi, 7 Février 1854.

Je ne crois pas, Madame, que les femmes, en général, connaissent toute l’étendue de leur pouvoir, soit pour le bien, soit pour le mal. Sans doute, il ne serait pas prudent de les en instruire toutes également. Mais, avec vous, on ne risque rien ; votre âme est trop riche en bonté pour donner place à la fatuité et à la cruauté. D’ailleurs, vous avez été, sans aucun doute, tellement abreuvée, saturée de flatteries, qu’une seule chose peut vous flatter désormais, c’est d’apprendre que vous faites le bien, — même sans le savoir, — même en dormant, — simplement en vivant.

Quant à cette lâcheté de l’anonyme, que vous dirai-je, quelle excuse alléguerai-je, si ce n’est que ma première faute commande toutes les autres et