Page:Baudelaire - Lettres 1841-1866.djvu/81

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menace de me faire payer ces frais. — Dans ces conditions-là, il me paraît impossible de lui prendre cet argent le 7, puisqu’il parle de le garder comme nantissement des frais que cause ma manière de travailler. Il veut de plus, et il a raison, que les deux volumes paraissent en Novembre, — c’est la bonne saison, — et il envoie jusqu’à deux fois par jour chez moi un commis, pour prendre soit des épreuves, soit du manuscrit. Il est évident que par ce procédé terrible, je serai prêt à temps. Mais je ne puis cependant pas me trouver le 7 dans la rue, criblé d’embarras, avec mes livres sur les bras et un éditeur furieux. — Ce qu’il y a de plus désagréable, c’est que cette nécessité de faire paraître à temps ces deux volumes m’empêche de gagner de l’argent, attendu que je n’ai pas le temps de m’occuper d’autre chose. Sans cela, il me serait facile de faire quelque chose pour la Revue des Deux Mondes, à laquelle je travaillerai assez régulièrement, aussitôt que je me serai acquitté de cette besogne inévitable. La Revue des Deux Mondes, qui a d’ailleurs le commencement d’un ouvrage de moi, peut me faire vivre convenablement. Vivre, seulement. — Car, quant aux dettes, je n’y pense pas encore ! Les dettes, c’est le théâtre qui les paiera.

Enfin, je m’aperçois que dans le récit de mes tourments j’ai oublié de vous dire de quoi il était précisément question : je voudrais qu’Anncelle, avant le 8, pût m’avancer, non pas la grosse somme qu’il me faut, elle est trop grosse, mais simplement