Page:Baudelaire - Lettres 1841-1866.djvu/83

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dant, il me semble que nous l’aurions vu le matin au Moniteur. Enfin, c’est toujours une chose consolante de voir qu’il arrive de temps à autre quelque chose d’heureux au génie. Voilà M. Aupick condamné à siéger à côté d’un homme bien obscur.

Je vous demande mille pardons de vous fatiguer et de vous tourmenter comme je fais. J’ai une telle peur de voir m’échapper la chose que je convoite depuis si longtemps que je vous récris ce matin, à ce sujet. Vous verrez ce matin ma mère ; si elle se met à avoir peur, comme c’est probable, insistez bien sur deux points, qui sont l’exacte vérité : le premier, c’est que de toute l’année il ne sera pas question de demandes d’argent exceptionnelles, et le second, plus important encore, c’est l’influence prodigieuse qu’a sur le caractère et l’esprit un plaisir, un bonheur inattendu, un accident heureux quelconque. Je parle pour moi du moins, et je crois qu’il en est de même de tous les gens faibles et forts la fois. Une aventure heureuse, surtout une aventure d’argent, donne des facultés nouvelles.

Je vais passer une journée à mettre mes affaires en ordre pour n’avoir qu’à les mettre dans une voiture demain matin.

Je vous verrai donc à 4 h., chez Palis.

Je cherche partout un livret des musées royaux, du temps de Louis-Philippe, et qui contienne les musées Espagnol et Standish. J’ai présumé que vous en pourriez avoir un.

Connaissez-vous un endroit où l’on vende de bons et grands lits de fer, absolument simples, comme