Page:Baudelaire - Petits poèmes en prose 1868.djvu/474

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scène du banquet du proconsul apparaissait pour la seconde fois devant les yeux émerveillés de Sempronius.

Son émotion devint irrésistible, il s’élança vers la vision ; mais cette fois ce n’était pas une vision faite d’air et de fumée. Une femme, une vraie femme, soupirante, rougissante, belle, charmante, tomba dans ses bras, avec son trouble et ses larmes ! La prêtresse, le magicien, Euphrosine, n’étaient qu’une seule et même personne ! .......................

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— Contemplez mon bonheur, incrédule ami, dit Sempronius en jetant un regard de passion indicible sur la beauté de sa femme qui tenait déjà un bel enfant entre ses bras.

Notre épicurien, touché, mais souriant toujours, murmurait tout bas l’hymne sentimental de l’excellent poète latin :

C’est l’heure favorable aux baisers ; la tempête,
Qui blasphème le ciel et fait trembler le faîte,
Invite les bons vins du fond de leur grenier
À descendre en cadence au conjugal foyer.
Car l’intime chaleur de l’âtre qui pétille
Sert à rendre meilleurs les pères de famille,
Et la foudre fera, complice de l’amour,
L’épouse au cœur tremblant docile jusqu’au jour.

— Le dénouement prouve en notre faveur, repartit décidément le jeune Grec, mais je vous dirai : Trouvez-moi une jeune cousine, que je haïsse d’abord, sans