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Page:Baudoin - Jolis péchés des nymphes du Palais-Royal, 1882.djvu/31

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CONFESSION

DE MANON LA MAL PEIGNÉE

On m’a dit qu’un grand homme, Jean-Jacques, je crois, avait écrit ses confessions et mis au jour ses pensées les plus secrètes ; je vais l’imiter, mesdames, et quoique je n’avions point d’inducation, que je ne sachions pas lire dans les gros livres, je suis née native originale de Montmartre, ce petit village où il y a bien plus d’ânes que d’académiciens. D’abord, quand j’eus quinze ans, on m’envoyait vendre du lait au coin de la rue Coquillière et des Vieux-Augustins ; un beau monsieur me disait souvent :

— Belle Manon, laisse là tes cruches et viens avec moi, je te donnerai de superbes falbalas.

Mais moi j’aimais mon petit François, le jar-