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Page:Baudoin - Jolis péchés des nymphes du Palais-Royal, 1882.djvu/32

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JOLIS PÉCHÉS

dinier du sous-parfet qui me régalions de tulipes, et après ma vache je n’avions rien de plus cher. Un soir que par curiosité j’avais pénétré dans une carrière, ne v’la-t-il pas que je me sens prise à brasse-corps ; c’était mon petit François qui ne pouvait plus se retenir…

Que voulez-vous, mes belles demoiselles, j’oubliai jusqu’à ma vache dans ses bras ; mais je devins grosse, et ne pouvant rester chez mon père qui était, sous votre respect, savetier, et qui m’aurait rouée de coups de tire-pied, je m’enfuyais à Paris, espérant trouver le biau monsieur en question ; je me flattais, à vous dire vrai, de pouvoir lui mettre la vache et le veau sur le dos : mais le chien, après s’être mis à bouche que veux-tu à la table de mes appas, il me planta là, en m’enlevant mes plus belles nippes et même ma croix à la Jeannette ; il ne me restait plus qu’à faire mon petit à la Bourbe. Quand je fus restée toute seule, étant accouchée heureusement, je me rappelai qu’étant laitière, j’avions vu à ce coin de la rue Coquillière des filles qui se promenaient comme çà sans rien faire, et étaient bien pimpantes.

Eh ben, que je me dis, ce n’est pas difficile, ce métier-là ; s’il n’y a qu’à se promener, ou en promener d’autres, j’en ferai bien autant. Mes petites affaires allaient donc assez bien ; je montais, je descendais, puis je remontais encore, et je me retirais sur la quantité ; j’aimais assez