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Page:Baudoncourt - Le curé Labelle (1833-1891), 1892.djvu/20

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LE CURÉ LABELLE

Si quelqu’un semble émettre des doutes sur ces assertions et prétend qu’elles sont contestées : Par qui ? demande le curé avec un geste superbe ; par des amateurs qui ont toujours suivi la grande route et pris le coche depuis Montréal jusqu’à la Chute. Croyez-en plutôt ceux qui comme moi ont passé par l’eau, la neige et le feu pour se rendre compte de toutes choses avant d’en parler. « Allez au Nord, mes amis, croyez-moi, car dans vingt ans il n’en restera plus et vous devrez courir au loin pour trouver l’équivalent. »

Quelques-uns partirent de bonne heure, et après avoir reconnu que ces forêts redoutées fourniraient d’excellentes terres, ils y établirent des chantiers, puis des fermes, des moulins et des scieries.

Le curé Labelle, devenu prophète en son pays, détermina plus de cent familles de Saint-Jérôme à venir s’établir dans les premières vallées qu’il explora. Les premiers qui l’écoutèrent ont aujourd’hui sur les rives de la Rouge les plus belles fermes et les plus riches exploitations de la contrée.

Dès son premier voyage à travers les forêts, le curé de Saint-Jérôme avait compris que le seul moyen de réussir et d’aller vite — deux choses exigées des Américains — était d’établir d’abord des chemins pour faciliter l’exploitation. Dès son premier rapport il insistait auprès des autorités locales et supérieures pour obtenir des conces-