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Page:Baudoncourt - Le curé Labelle (1833-1891), 1892.djvu/32

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LE CURÉ LABELLE

un seigneur parle de son domaine. Les nouvelles populations lui reconnaissent, en fait, pouvoir de haute et basse justice dans ces régions. Il règne, et je doute qu’il ait jamais existé roi plus puissant sur les esprits et sur les cœurs que le curé Labelle. Dans ces forêts, on ne demande point quels ministres gèrent le pays, quelles lois nos législateurs ont jugé à propos de décréter, mais on demande ce que pense M. Labelle, ce qu’il désire. On ne menace plus son ennemi des juges et des huissiers, mais on déclare que l’on informera M. Labelle, et ce nom est synonyme de justice. Le curé de Saint-Jérôme semble habitué à cet état de choses. Il regarde ce pays comme son patrimoine, et, en bon père, il le distribue par larges morceaux à ses enfants, comme il appelle les colons. »

Il les aimait bien, en effet, et était devenu leur apôtre en même temps que leur père ; il les connaissait presque tous et les visitait une ou deux fois chaque année. Ses notes constatent que, de 1878 à 1885, il fit vingt-neuf voyages de ce genre.

L’autorité ecclésiastique connaissant sa science et sa prudence lui avait concédé les pouvoirs nécessaires pour l’érection des nouvelles paroisses dans le diocèse de Montréal, et l’évêque d’Ottawa lui avait accordé les mêmes droits dans son diocèse.

Dès qu’il voyait les chantiers se former et la fondation de quelques fermes annoncer l’intention de se grouper autour du centre indiqué pour