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LE CURÉ LABELLE

porta une cloche dans ses bagages ; encore lui accordait-on le transport gratuit.

Les cotisations de la Société de Saint-Isidore n’étaient que de cinquante centimes par tête et par an, mais beaucoup de membres donnaient davantage et M. Labelle avait la préférence, car ses aumônes étaient sûres d’un bon placement. Un soir il rentrait avec cinq cents piastres (2.500 fr.) qu’un riche citoyen de Montréal lui avait données pour bâtir la première chapelle à construire dans les bois. La seule condition imposée était de ne pas dire le nom du donateur. Un journaliste de ses amis se présente pour passer la nuit au presbytère. M. Labelle va le recevoir en s’écriant :

— Voilà un brave, un intelligent citoyen qui comprend les œuvres ; parmi les bonnes il choisit la meilleure.

— Mais de qui voulez-vous parler ? demande l’arrivant.

— Eh ! mais d’un brave citoyen qui m’a donné aujourd’hui de quoi bâtir une chapelle !… Oui, répéta-t-il à plusieurs reprises, voilà un homme intelligent !

Le lendemain matin, il était encore tout rempli de son sujet. Le visiteur descend et lui dit :

— Avez-vous bien dormi ?

— Oui, c’est un brave citoyen ; si tout le monde comprenait comme lui…

La colonisation par la foi chrétienne était l’idée fixe du Roi du Nord. Quand il allait visiter