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LE CURÉ LABELLE

ses vastes domaines au printemps et à l’automne, son arrivée était un jour de fête pour les colons qui voyaient en lui un véritable père.

Il les connaissait presque tous par leur nom et les visitait dans leurs chantiers, causant familièrement avec eux de leurs projets, de leurs travaux, compatissant à leurs épreuves et se réjouissant de leurs succès. Il les recevait aussi le soir à la veillée, ou chacun en particulier quand ils le désiraient.

N’oubliant pas qu’avant d’être colonisateur il était prêtre et missionnaire apostolique, le visiteur remplissait auprès de ces braves gens, condamnés encore à passer plusieurs mois sans voir un prêtre, tous les devoirs du ministère, leur célébrait la messe en plein air, au pied d’un érable ou dans la chapelle provisoire si elle existait déjà, donnait la sainte communion à ceux qui désiraient la recevoir et adressait une instruction familière et pathétique à l’assistance. Dans la matinée, il visite quelques exploitations, encourage les colons, leur donne de bons conseils, et, assis sur un tronc d’arbre renversé, il juge après un débat sommaire les appels qui lui sont soumis, tranche les questions difficiles et apaise les différends. Il ne s’éloigne que quand tout le monde depuis le vieillard jusqu’à l’enfant de six ans lui a « touché la main » selon la coutume du pays.

Sa robuste santé et sa force athlétique lui permettaient de braver toutes les intempéries et de