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LE CURÉ LABELLE

tard ; il y fit un Calvaire et un Chemin de la Croix, annonçant qu’il voulait y être enterré au milieu de ses paroissiens.

Les écoles primaires étaient bien tenues, mais on sentait le besoin d’avoir quelque chose de plus pour les jeunes gens de quinze à dix-huit ans. M. Labelle en était bien d’avis, mais les sentiments étaient partagés. Le curé mit tout le monde d’accord en s’appuyant sur le bon sens et sur un exemple connu : « Mes amis, leur dit-il, vous voudriez un collège et vous ne savez comment vous y prendre pour l’établir. Nous sommes une race de pionniers, de cultivateurs, d’industriels et de commerçants. Il ne faut pas, pour les petites villes, rêver des collèges produisant des savants et des hommes de lettres ; il faut laisser cela aux grandes. C’est pour l’avoir oublié que beaucoup de petites villes de France se ruinent à entretenir des collèges où elles font végéter des écoliers qui deviennent de la vraie graine de propre-à-rien, parce que la science incomplète et bornée leur a tourné la tête. Nous avons à proximité ce qu’il nous faut pour les hautes classes : il nous suffit d’envoyer à Sainte-Thérèse et à Montréal ceux qui veulent faire des études complètes. Pour nous, ce qui conviendrait, ce serait un collège moyen, une école commerciale et industrielle, adaptée aux besoins de la région. Plus tard, nous bâtirons au milieu du pays colonisé un grand collège où l’on formera tous les savants nécessaires au Nord. Comme il nous faudrait des