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LE CURÉ LABELLE

supporter toutes les fatigues ; sa soutane râpée et parfois pleine de boue ne scandalisait personne. Au contraire, elle était pour lui un manteau royal, témoignant de son dévouement au peuple défricheur ; et c’est en parcourant ainsi la région dans tous les sens, qu’il s’était fait tout à tous et était vraiment devenu le « Roi du Nord. »

Ses absences fréquentes ne lui laissaient pas perdre de vue sa paroisse, parce qu’il avait pour le remplacer un vicaire et des prêtres dignes de toute sa confiance. Saint-Jérôme n’était qu’un village quand M. Labelle y arriva : en dix ans il en fit une ville, grâce à la confiance inébranlable qu’il sut inspirer à ses paroissiens. « Vous êtes, leur disait-il, à l’entrée des forêts ; l’avantage d’être tête de ligne du chemin de fer va donner un élan considérable à l’agrandissement. Nous avons tant plaidé que le gouvernement renonce à son système des réserves forestières. Au lieu de brûler les bois sur place, nos colons pourront les abattre, expédier les plus beaux pour les embarquer ici. Les terrains deviendront rares et chers. Votre église, qui était trop grande voilà dix ans, est maintenant juste de taille suffisante, mais plus tard il en faudra encore une autre. Il faut maintenant réserver la place pour la bâtir avec tous ses accessoires. » Et la place fut réservée et plantée d’arbres en attendant. Dans la même prévision, il disposa le nouveau cimetière de façon à ce que l’on n’eût pas à le transférer plus