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Page:Baudoncourt - Le curé Labelle (1833-1891), 1892.djvu/4

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LE CURÉ LABELLE

des vaillants qui, sous les plis du drapeau britannique, ont su conserver la foi, les coutumes, le langage et l’amour de l’ancienne France.

Découverte plus étonnante encore ! en remontant à la source de cette prodigieuse vitalité des colons français abandonnés par la mère-patrie, on a reconnu que ce petit peuple n’avait pu être vaincu et dompté par l’Angleterre. Si ces soixante mille laboureurs et artisans du siècle dernier se sont maintenus envers et contre tout, c’est qu’ils ont été conduits et dirigés par leurs prêtres. Ils sont restés Français, parce qu’ils sont demeurés catholiques, et c’est à leur clergé qu’ils doivent l’énergie et la persévérance victorieuse dont ils ont fait preuve.

Les Français d’Amérique aiment et respectent leurs pasteurs, et tandis que, dans la mère-patrie, le prêtre est traité quelquefois en paria, presque toujours en suspect, rigoureusement exclu des affaires publiques et confiné dans son église, dans toutes les terres de domination canadienne le clergé est au meilleur rang des citoyens, le peuple n’hésite point à lui témoigner sa confiance en suivant sa direction et ses avis.

C’est l’histoire d’un prêtre et de son influence sur la colonisation chrétienne que nous allons exposer dans la biographie du « curé Labelle », un des types les plus curieux du missionnaire et du prêtre canadien, mort l’année dernière et qui s’était fait en France de nombreux amis.

C’est dans l’île formée par le bras gauche du