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LE CURÉ LABELLE

Dominion ne comptait pas vingt années d’existence que des modifications se produisaient dans sa constitution. Au Canada comme dans les pays de grande culture, on ne connaît guère les anarchistes et les socialistes. Tout le monde est d’accord sur les grands principes ; mais quand il s’agit de les appliquer, on rencontre de nombreuses divergences. Il y a deux partis qui sont alternativement au pouvoir ou dans l’opposition. Ce sont les libéraux et les conservateurs, les rouges et les bleus.

Étranger aux luttes politiques, M. Labelle trouva pourtant des contradicteurs dans les deux camps ; mais ses intentions étaient si droites, son savoir-faire si connu, que ceux mêmes qui l’avaient contrarié furent heureux de revenir à lui quand ils obtinrent le pouvoir. Pour son compte particulier, il se servait des uns et des autres pour l’utilité et l’avancement de son œuvre.

Un de ses amis lui demandait un jour : Combien de fois avez-vous dû modifier vos opinions sous les divers gouvernements qui se sont succédé à Ottawa (gouvernement fédéral) et à Québec (gouvernement provincial) ?

— Mais, mon cher ami, répondit-il dans son langage imagé, tu sais bien que le curé Labelle voyage toujours dans la même charrette. La seule différence qu’il y ait dans ses moyens de transport, c’est que tantôt il attelle un cheval bleu, tantôt un cheval rouge.