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Page:Baudoncourt - Le curé Labelle (1833-1891), 1892.djvu/50

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LE CURÉ LABELLE

et la mort, allez donc au Canada. Voilà au moins un pays salubre ! »

Aux relations anciennes, le curé de Saint-Jérôme en ajouta donc de nouvelles, et les nombreux amis que son dévouement à la cause française et nationale lui fit rencontrer, tout en gardant la meilleure impression de son passage, devinrent les défenseurs convaincus et les champions de son idée.

Un détail de mœurs frappa surtout les Européens dans ce personnage qui venait les convier à la colonisation de l’Amérique du Nord : ce fut la candeur enfantine de son affection filiale pour sa vieille mère. Quand on lui avait rendu quelque service ou adressé quelque louange, il répondait : Je vous remercie, je l’écrirai à maman, cela lui fera plaisir. Ce mot de « maman » sortant de la bouche d’un colosse avait un charme particulier, ceux qui l’entendaient se gardèrent bien d’en rire. Et la pauvre mère, qui trembla toute sa vie à cause du caractère aventureux de son enfant, soupirait : Oh ! qu’il est bon et dévoué ce cher Antoine ! c’est dommage qu’on me le rapportera mort quelque jour, il voyage trop.

Il revint pourtant, et le premier fruit de son voyage fut de lui attirer une foule de visiteurs qu’il convertissait à ses idées ou combattait avec énergie quand ils s’opposaient à son œuvre.

Dans tous les pays de démocratie on doit s’attendre à changer souvent de gouvernants et à subir bien des variations. La confédération du