Mes honorables collègues n’accordèrent point la moindre valeur à mon observation. Un seul, M. Conilh, me dit que si je voulais l’accompagner, il me ferait voir un cholérique à l’hôpital Saint-André. Je m’y rendis immédiatement, et nous y trouvâmes effectivement un malade atteint fortement par le choléra épidémique et qui succomba vingt-quatre heures après notre visite. Cet homme venait des bords du fleuve. Les premiers qui furent frappés ensuite exerçaient la profession de douanier et faisaient un service de nuit sur l’eau.
Les faits qui précèdent semblent indiquer que le choléra franchit rapidement de grands espaces par la voie de l’atmosphère, et qu’il se développe spécialement dans les endroits où il y a de l’eau, sans que l’on puisse inférer de là qu’il ne puisse se développer ailleurs, ni par un autre mode de transmission, ainsi que j’en ai fait moi-même l’observation.
Si le choléra, qui a pris naissance dans l’Inde, est dû, comme on l’a dit, aux cadavres humains qui sont jetés dans les fleuves et notamment dans le Gange ; si ces cadavres font naître des animalcules d’une nature spéciale, qui, par suite d’une métamorphose, deviennent aériens après avoir été aquatiques, ils doivent, à une certaine période de leur existence, retourner à l’eau pour s’y reproduire, si l’observation est parfaitement conforme avec l’hypothèse qui a été faite.
Je tiens à citer ces faits ; car quand on recherche l’origine de la cause inconnue d’une maladie aussi grave que le choléra, rien n’est à négliger pour en découvrir la trace.
Examen microscopique de l’air.
Pensant et n’étant point le seul à penser que la cause du choléra pouvait résider dans l’atmosphère ; pensant d’ailleurs que cette cause ne pouvait être attribuée ni à un gaz, ni à un état particulier de l’air, électrique ou autre, mais bien plutôt à des organismes vivants, les seuls qui permettent de comprendre comment cette cause se multiplie et s’étend, car il n’y a que la vie qui paraisse pouvoir se propager ainsi ; pensant, dis-je, qu’il pouvait y avoir dans l’air des êtres organisés, que ces êtres pouvaient sans doute être observés à l’aide du microscope, je portai mes investigations de ce côté ; mais jusqu’à ce jour, on