Page:Baudrimont - Recherches expérimentales et observations sur le choléra épidémique.djvu/27

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
26

que j’habitais. J’observai attentivement la direction du vent. Il était de l’ouest, c’est à dire de la mer. Cependant, le vent tourna vers le sud, et quarante-huit heures après le choléra était parmi nous. Les premiers atteints sérieusement habitaient les bords de l’Escaut ; plus tard, un quartier de la ville situé près des fossés, qui sont remplis d’eau à demi stagnante, fut un des moins épargnés. L’épidémie atteignit aussi tout particulièrement la commune de Marly, qui est située sur les bords de la Rhonelle, à une petite distance de son confluent avec l’Escaut. Je cédai aux instances de M. Tancrède, dont M. Lévêque, son beau-père, était alors maire de cette commune, et m’en occupai presque exclusivement.

Je ne raconterai point toutes les péripéties de la situation qui me fut faite par l’épidémie, je me bornerai à dire que j’avais préféré l’observer dans un village ; car, m’y trouvant presque seul pour en traiter les malades, j’espérais qu’il me serait plus facile de préciser la marche de l’épidémie.

Elle attaquait des points isolés, et je ne puis dire que les lieux infectés eussent été plus malsains que les autres. Les premiers individus atteints dans un même lieu étaient frappés mortellement, d’autres n’avaient que la diarrhée, et les moins atteints éprouvaient de simples étourdissements, tels qu’ils résulteraient d’une congestion. En général, ce fait était observé chez les personnes pléthoriques, et une simple saignée de 100 à 150 grammes suffisait pour les rétablir.

Le cercle allait en grandissant, mais l’intensité du mal diminuait généralement à mesure qu’il s’étendait[1].

En 1849 des observations analogues ont été faites par mon frère Adolphe dans la commune de Giraumont, près Compiègne.

En 1849, le choléra régnait à Paris et n’avait point fait son apparition dans Bordeaux, où je me trouvais. J’observai la direction des vents, et elle était contraire à celle qui aurait pu nous l’amener. Le vent changea cependant, et en moins de deux jours le choléra épidémique sévissait à Bordeaux.

À cette époque, je faisais partie du Conseil de salubrité de la ville, et j’annonçai que, vu la direction du vent, il était probable que le choléra ne tarderait pas à paraître parmi nous.

  1. J’ai rencontré maintes fois, près des murailles, des excréments d’enfants dans lesquels se trouvaient des ascarides lombricoïdes. Cependant, ces enfants ne m’avaient point été signalés comme étant atteints par la maladie.