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Il importe de commencer par la cale afin de faire entrer l’air extérieur dans le navire, plutôt que de commencer par les parties les plus élevées, qui feraient remonter l’air de la cale dans des compartiments où il est inutile et même nuisible de le faire arriver.

III.

Les marchandises seront, autant que possible, désinfectées sur place par le renouvellement de l’air d’abord, puis par des fumigations ensuite. On pourrait d’ailleurs commencer par ajouter à l’air entrant dans le navire les matières que l’on veut opposer à la désinfection. Ces matières sont très nombreuses, comme on l’a vu, et l’on n’aura que l’embarras du choix. Il faudra toujours donner la préférence à celles qui ne pourront exercer aucune action nuisible sur les marchandises.

L’acide sulfureux, qu’il est très facile de se procurer en brûlant du soufre, méritera la préférence dans la plupart des cas. Son action est énergique et très efficace. Après l’avoir employé, on pourra remplir le navire d’émanations ammoniacales. Ces émanations le satureront et détruiront l’effet nuisible qu’il pourrait exercer sur des êtres vivants. Le navire serait ensuite aéré de nouveau. Dans le cas où l’air serait accompagné de gaz ou de vapeurs assainissantes, on pourrait les faire pénétrer partout où on le jugera convenable, en ajoutant au tube aspirateur des tubes d’un plus petit diamètre, en métal d’abord et en caoutchouc ou toute autre matière flexible ensuite, terminés, selon le besoin, par des têtes d’arrosoir, que l’on conduirait où l’on voudrait pour y opérer une aspiration qui attirerait l’air chargé des produits que l’on y aurait ajoutés. Ce moyen d’action est indispensable pour les marchandises chargées en vragne, c’est à dire sans emballage.

IV.

Dans le cas où le navire devrait être déchargé, il conviendrait toujours de le désinfecter, comme il vient d’être dit, pour la sûreté des hommes qui en opéreraient le déchargement. Les marchandises seraient ensuite introduites dans un bâtiment isolé, dont la hauteur du plafond ne dépasserait que de fort peu celle que l’on donnerait aux marchandises en les arrimant. Elles seraient disposées par rangées et isolées les unes des autres. L’air du bâtiment pourrait être renouvelé à l’aide d’un fourneau et d’une cheminée d’appel situés à l’une des extrémités, et serait remplacé par de l’air chargé de vapeurs assainissantes, et notamment d’acide sulfureux, qui entrerait par le côté opposé à celui par lequel l’appel ou le tirage aurait lieu. L’acide sulfureux, produit par la combustion du soufre, devrait n’être point trop abondant ; car s’il remplaçait complètement l’oxygène de l’air, il n’entretiendrait plus la combustion et ne pourrait alimenter les foyers aspirateurs.

Dans bien des cas, il serait convenable de faire pénétrer l’air par plusieurs points à la fois, et de le conduire dans des endroits déterminés, à l’aide de tubes disposés exprès pour cela.