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NOTES.

I.

J’admets comme un fait démontré et irrécusable la transmission du choléra épidémique par infection d’individu à individu. Cependant, cela ne veut pas dire que ce soit le seul mode de transmission de cette maladie : non, la cause qui le produit peut encore franchir de grands espaces par la voie de l’atmosphère. Des points particuliers peuvent ainsi être infectés sans qu’aucun individu atteint du choléra ni aucuns vêtements qui aient appartenu à des cholériques y aient été transportés.

Le choléra a donc deux modes de transmission reconnus : 1° par l’atmosphère ; 2° par voie d’infection d’individu à individu.

Je sais, et l’histoire de la médecine le démontre, qu’il est des médecins qui font profession de nier tout ce dont ils n’ont pas la preuve évidente par leur propre expérience, et qui commenceront par repousser l’idée de la transmission du choléra par voie d’infection. Cependant, il ne peut être donné à tous ceux qui exercent la médecine d’avoir l’occasion de suivre la marche d’une épidémie, et surtout de rencontrer des faits spéciaux qui puissent servir pour éclairer son mode de transmission, et la seule chose convenable est de douter. Or, dans cette condition, les moyens qui ont été proposés doivent être employés, car en ne faisant rien, non seulement on reste désarmé vis à vis d’un fléau toujours menaçant, mais ceux qui ont pour mission de veiller sur la santé des individus et des nations sont véritablement coupables pour n’avoir point fait tout ce qui dépendait d’eux pour le combattre.

Pour ce qui me concerne personnellement, ayant consacré un temps considérable à l’étude du choléra, et ayant fait cette étude par tous les moyens qui étaient en mon pouvoir, je crois remplir un devoir en publiant les présentes observations.

II.

Me bornant à indiquer des moyens généraux, il est des détails dans lesquels je n’ai pu entrer ; mais des hommes intelligents sauront toujours en faire l’application. Par exemple, le renouvellement de l’air des navires par une forte aspiration opérée par une pompe, ne sera bien efficace qu’autant que l’entrée de l’air extérieur aura lieu par un point aussi éloigné que possible de celui où l’on fait l’aspiration, dût-on pratiquer des ouvertures exprès. Il y aurait un grand avantage à faire communiquer, autant que possible, les entreponts et les compartiments entre eux, afin d’opérer sur tous à la fois. On devra s’assurer, par une bougie allumée qui indique la direction des courants d’air par l’inclinaison de sa flamme, que l’aspiration se fait partout. Dans le cas où ce résultat ne pourrait être atteint par suite de la distribution du navire, ou n’aurait point lieu pour une cause quelconque, il est évident que l’aspiration devra s’exercer successivement dans tous les compartiments.