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II

sible ils ont écrit purement et simplement ce qu’ils avaient entendu, sans rien modifier, sauf pour mettre, comme on dit, les choses sur leurs pieds, et en poussant le scrupule jusqu’à conserver le patois dans lequel chaque histoire leur était racontée.

Tel est en effet l’état où l’archéologie est parvenue de nos jours : heureusement descendue dans des régions où elle n’avait jamais pénétré au dix-septième siècle, elle étudie le passé dans ses moindres détails ; dialectes, légendes, traditions locales, chansons, elle ne dédaigne rien, car tous ces matériaux ont leur valeur pour la construction de l’édifice historique. Les contes populaires tiennent dans ce genre de recherches une place importante à plus d’un égard. Déjà plusieurs d’entre eux ont une origine certaine, et on y peut constater les modifications que l’imagination de la foule a fait subir aux faits : témoin ce sire de Retz, terreur de la Bretagne au quinzième siècle, dont la légende a fait la Barbe-Bleue ; témoin encore l’Ogre du Petit-Poucet, souvenir du nom même des Hongrois, dont les invasions épouvantèrent l’Occident.

Mais, si cet intérêt historique se rencontre rarement, et si la plupart de ces contes ne sont que des produits de l’imagination pure, à ce point de vue encore il n’est pas moins curieux de les étudier, comme des monuments de l’état des esprits parmi les générations et dans les pays qui leur ont donné naissance. La langue populaire y a conservé tout son charme et toute