Page:Baudry - Contes choisis des frères Grimm.djvu/210

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fenêtre dans l’appartement, qu’éclairait un rayon de soleil : elle était assise devant son rouet et filait avec ardeur. De son côté, elle aperçut furtivement le prince qui la regardait ; mais elle en devint toute rouge et continua de filer en baissant les yeux, seulement je ne garantirais pas que son ûi fût bien égal. Elle fila toujours jusqu’à ce que le prince fût parti. Dès qu’elle ne le vit plus, elle courut ouvrir la fenêtre en disant : « Il fait si chaud ici ! » et elle le suivit des yeux tant qu’elle put apercevoir la plume blanche de son chapeau.

A la fin elle se rassit et se remit à filer. Mais il lui revint à la mémoire un refrain qu’elle avait souvent entendu répéter à sa vieille marraine, et elle chanta ainsi :

Cours, fuseau ; que rien ne t’arrête ;
Conduis ici mon bien-aimé.

Qu’arriva-t-il ? le fuseau s’élança tout à coup de ses mains et se précipita dehors ; elle le suivit des yeux toute stupéfaite ; il courait en dansant à travers champs et laissait après lui un fil d’or. En peu de temps il fut trop loin pour qu’elle pût le voir. N’ayant plus de fuseau, elle prit sa navette et se mit à tisser.

Le fuseau continuait de courir, et, quand son fil fut au bout, il avait rejoint le prince. « Que vois-je ? s’écria celui-ci ; ce fuseau veut me conduire quel-