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Page:Baudry - Contes choisis des frères Grimm.djvu/211

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que part. » Il retourna son cheval et suivit au galop le lit d’or. La jeune fille continuait de travailler en chantant :

Cours après lui, chère navette ;
Ramène-moi mon fiancé.

Aussitôt la navette s’échappa de ses mains et s’élança vers la porte. Mais à partir du seuil elle commença à tisser un tapis plus beau que tout ce qu’on a jamais vu. Des deux côtés fleurissaient des guirlandes de roses et de lis, et au milieu, des pampres verts sortaient d’un fond d’or ; des lièvres et des lapins sautaient dans le feuillage, des cerfs et des chevreuils passaient leur tête à travers ; dans les branches étaient perchés des oiseaux de mille couleurs auxquels il ne manquait que de chanter. La navette continuait de courir et l’œuvre avançait merveilleusement.

N’ayant plus sa navette, la jeune fille prit son aiguille et se mit à chanter :

Il va venir, chère aiguillette ;
Que tout ici soit préparé.

Aussitôt l’aiguille, s’échappant de ses doigts, se mit à courir par la chambre, rapide comme l’éclair. C’était comme si des esprits invisibles s’en fussent mêlés : la table et les bancs se couvraient de tapis verts, les chaises s’habillaient de velours, et les murs d’une tenture de soie.

A peine l’aiguille avait-elle piqué son dernier