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faire un détour, et si un père passait près d’elle avec son petit garçon, il lui disait tout bas : « Prends garde à cette vieille, elle est rusée comme un démon, c’est une sorcière. »

Un matin, un beau jeune homme traversait la forêt. Le soleil brillait, les oiseaux chantaient, un vent frais soufflait dans le feuillage, et le jeune homme était joyeux et en belle humeur. Il n’avait encore rencontré âme qui vive, quand tout à coup il aperçut la vieille sorcière accroupie sur ses genoux et coupant de l’herbe avec sa faucille. Elle en avait déjà amassé toute une charge dans son sac, et à côté d’elle étaient deux grands paniers tout remplis de poires et de pommes sauvages.

« La mère, lui dit-il, comment pensez-vous emporter tout cela ?

— Il faut que je le porte, mon cher monsieur, répondit-elle ; les enfants des riches ne connaissent pas ces fatigues-là. Mais au paysan on lui dit :

Il ne faut voir que devant soi
Quand on est bossu comme toi.

Voulez-vous m’aider ? ajouta la vieille, voyant qu’il s’arrêtait ; vous avez encore les épaules droites et les jambes solides ; ce sera peu de chose pour vous. D’ailleurs ma maison n’est pas loin d’ici : elle est dans une bruyère, là derrière la colline. Vous aurez grimpé là-haut en un instant. »