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Page:Baudry - Contes choisis des frères Grimm.djvu/314

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Il semblait que le fermier eût prévu l’avenir ; car trois jours après il mourut subitement, et personne ne le regretta. Quand il fut enterré, le pauvre homme se souvint de sa promesse ; il aurait bien voulu s’en dispenser, mais il se dit : « Cet homme a été généreux envers moi, il a nourri mes enfants de son pain ; d’ailleurs j’ai donné ma parole et je dois la tenir. » A la chute du jour, il alla dans le cimetière et s’établit sur la tombe. Tout était tranquille ; la lune éclairait les tombeaux, et de temps à autre un hibou s’envolait en poussant des cris funèbres. Au lever du soleil, il rentra chez lui sans avoir couru aucun danger, et la seconde nuit se passa de même.

Le soir du troisième jour, il sentit une secrète appréhension, comme s’il allait se passer quelque chose de plus. En entrant dans le cimetière, il aperçut, le long du mur, un homme d’une quarantaine d’années, au visage balafré et aux yeux vifs et perçants, enveloppé dans un vieux manteau, sous lequel on voyait passer seulement de grandes bottes de cavalier. « Que cherchez-vous ici ? lui cria le paysan ; n’avez-vous pas peur dans ce cimetière ?

— Je ne cherche rien, répondit l’autre ; mais de quoi aurais-je peur ? Je suis un pauvre soldat congédié, et je vais passer la nuit ici, parce que je n’ai pas d’autre gîte.