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LES LORTIE

modèle de générosité, fit remarquer maître Léon Martin.

— Je n’ai pas à être généreux. Je suis ici pour faire respecter la loi !

— Vous avez une drôle de façon de la faire respecter ! Vous ne vous rendez donc pas compte qu’en écartant un témoignage qui détruirait l’accusation portée contre mon client, vous allez probablement faire condamner un innocent !

— Ça, monsieur, c’est mon affaire !

— S’il s’agissait d’un témoin à charge, vous n’hésiteriez pas un instant à lui assurer l’impunité !

Le juge crut sage d’intervenir :

— Si j’étais maître Falardeau, je n’hésiterais pas. Je promettrais ce qu’on me demande de promettre…

Visiblement vexé Falardeau s’inclina :

— Très bien. Votre Seigneurie, très bien… Si c’est comme ça que vous l’entendez, j’accepte. C’est contraire à mes principes, mais… j’accepte.

— Monsieur Bernard, dit le juge, vous pouvez aller chercher votre témoin.

— Inutile, Votre Honneur, je l’ai vu entrer dans la salle il y a deux minutes.

Et il appela :

— Monsieur Vachon !

Du fond de la salle, une voix répondit :

— Me v’la !

Et, tandis que tous les cous se tendaient pour le voir, un homme se traça un passage à travers la foule. Autoritaire, le marteau du greffier réclamait le silence, tandis que l’homme, très maître de lui, occupait le box que monsieur Bernard venait de quitter.

— Votre nom ?

— Hector Vachon.

— Posez la main droite sur l’Évangile. Jurez de