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Page:Baudry - Rue Principale 1 les Lortie, 1940.djvu/149

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LES LORTIE

au fond de l’église, que monsieur le curé parle pas fort, puis qu’on comprend pas la moitié de ce qu’il dit.

Et Louis s’en fut, d’un pas traînard, se chercher dans la glacière rouge qui prolongeait le comptoir, une vague boisson gazeuse.

— Dis donc, mon Louis, questionna Sénécal, ton gérant là, puis Ninette Lortie, ça m’a l’air que ça va pas trop mal ensemble, hein ?

— Oh ! ben moi, j’sais pas, barre de cuivre. S’il y avait rien que moi pour s’occuper des affaires des autres, on s’en occuperait pas le diable, monsieur Sénécal. Jaser de ses propres affaires, c’est bien assez fatigant, sans jaser de celles qui nous regardent pas.

Ayant dit, Louis introduisit dans sa bouteille deux chalumeaux de papier paraffiné, et se retourna pour voir à qui la porte, en s’ouvrant, livrait passage. C’était Girard, le boulanger, suivi de Mathieu, le boucher. Il fut tout de suite question des élections.

— C’est-y vrai ça, monsieur Mathieu, demanda Louis, qu’il va y avoir une assemblée contradictoire ?

— Ben sûr, répondit le boucher. Jeudi soir, à l’Aréna.

— Ça évidemment, remarqua Girard, si Blanchard et ses petits amis prennent pas peur à la dernière minute.

Sénécal crut bon d’intervenir :

— Voyons Phil, raconte donc pas de bêtises ! Pourquoi voudrais-tu que Blanchard ait peur ? D’après moi ce serait plutôt Gaston Lecrevier qui aurait de bonnes raisons de ne pas oser se montrer.