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XXIX

où bob abat son jeu et gagne une partie importante

Sur la route de Montréal, le coupé de Bob roulait à bonne allure, malgré la pluie qui décuplait les risques de dérapage. L’essuie-glace allait et venait à un rythme accéléré, conservant au policier une vision nette de la route. Suzanne Legault, à sa droite, muscles et nerfs tendus, cherchait à étouffer la peur qui grandissait en elle. Pourquoi Bob allait-il si vite et pourquoi, surtout, n’avait-il pas dit un mot depuis le départ ?

À trois reprises, elle avait murmuré :

— Pas si vite, Bob, je t’en prie.

Mais il n’avait pas répondu. Il avait compris pourtant puisque, chaque fois, il avait diminué légèrement la pression de sa semelle sur l’accélérateur. Hélas, les ralentissements avaient été de courte durée.

Que se passait-il en Bob ?

Ils avaient dîné chez Gaston ce soir-là. Le joyeux méridional était venu s’asseoir à leur table, et la conversation avait roulé sur des sujets divers. Bob avait semblé d’humeur normale, ni plus ni moins gai que d’habitude. À un moment pourtant — Suzanne s’en souvenait à présent — il avait manifesté assez brusquement le désir de changer le sujet de la conversation. C’était lorsque Gaston, sans penser à mal, avait constaté que l’affaire de la bouteille de lait empoisonné, semblait bien destinée à ne donner aucun résultat.