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RUE PRINCIPALE

pas exilé après s’être avoué coupable du vol à main armée dont Marcel Lortie avait failli payer le prix et dont, justement, son oncle avait été victime ? Qu’est-ce que tout cela voulait dire ? Si André revenait, allait-il être poursuivi quand même ?

Et on alla poser la question au chef Langelier qui, plein d’une coléreuse indignation, fut obligé de répondre que Sénécal, avant son départ, avait signé une déclaration dans laquelle il reconnaissait qu’André était venu, le soir du vol, lui réclamer une somme d’argent qui lui était due, et que, par conséquent, le vol n’en était pas un.

André pouvait donc rentrer la tête haute.

Mais cela n’expliquait pas encore comment ni pourquoi Léon Sénécal s’était décidé à se dépouiller au profit des Lamarche. Cette explication-là, ce fut encore Langelier qui la fournit.

Il ne décolérait pas le vieux chef ; il ne décolérait pas contre monsieur Bernard qui, semblait-il, se faisait une spécialité d’arracher des coupables à leur châtiment. Après avoir facilité la fuite d’André Lamarche, voilà qu’il avait organisé celle de Léon Sénécal ! Et pourtant, contre Sénécal, on aurait pu accumuler les preuves de plusieurs délits, allant de vol de testament à tentative de meurtre, en passant par dommages à la propriété d’autrui !

Le chef Langelier, en colère, n’était pas homme à garder ses sentiments pour lui. Toute la ville sut donc bientôt pourquoi Sénécal était parti, et comment monsieur Bernard s’était fait l’instrument de la richesse des Lamarche.

Disons, tout à l’honneur des gens de Saint-Albert, qu’il ne se trouva personne pour donner tort au souriant vieillard.

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