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XII

de deux maux, il faut choisir le moindre

Il fallut à la police et au personnel du palais de justice plus de dix minutes pour rétablir l’ordre. Quelques spectateurs, plus bruyants ou plus belliqueux que les autres, furent expulsés ; et il fallut brandir la menace de débats à huis clos pour que les autres consentissent à se taire. Lorsqu’il fut évident que les esprits avaient eu le temps de refroidir, Sa Seigneurie consentit à revenir prendre sa place. L’évanouissement de Ninette avait été de courte durée, et Marcel lui-même, éloquemment exhorté au calme par son défenseur, revint au banc des accusés, absolument maître de lui. Pour pouvoir reprendre les débats où le charivari les avait interrompus, il fallut faire revenir le témoin Sénécal. Ne fallait-il pas permettre à la défense d’exercer le droit, que personne ne pouvait lui nier, d’interroger elle aussi le marchand de tabac ?

— La défense veut-elle contre-interroger ?

— Non, Votre Seigneurie, pas de question.

Il y eut un murmure à la fois déçu et étonné dans la salle. Comment ? Maître Martin n’essayait même pas de démolir l’écrasant témoignage de Sénécal ! C’était à n’y plus rien comprendre. Falardeau lui-même parut surpris. Mais Marcel et son défenseur échangèrent un sourire qui disait clairement que l’accusé, tout au moins, n’était pas déçu.

Sur un geste du juge, Falardeau se leva.