dont nous moissonnons les fruits. — Si ces lignes tombaient entre leurs mains, nous aimons à croire qu’ils ne verront dans ce que nous aurons à dire aucun manque de charité. Nous voudrions n’avoir à nous défendre que contre ceux qui attaquent l’Évangile ; mais une triste nécessité nous est imposée, celle de signaler ce que nous regardons comme de fausses tendances chez des hommes vénérés. Qu’ils prennent donc en bonne part nos paroles ; car nous ne pensons qu’à guérir, si possible, les blessures qu’ils nous ont faites.
C’est en effet le besoin de paix qui nous a poussé à écrire, et nous serions heureux si nos faibles paroles, en donnant lieu à une discussion calme et approfondie, pouvaient en quelque chose contribuer, dans les graves circonstances, où se trouvent la patrie et l’Église, à unir les cœurs dans la vérité.
I. Nous abordons d’abord la question de la séparation de l’Église et de l’État.
Est-ce un dogme ? comme on a cherché à l’établir dans ces derniers temps. Nous ne pouvons le penser. C’est pour nous avant tout une question de convenance et d’histoire, à résoudre par les faits, et en suivant les directions providentielles qu’il plaira à Dieu de nous donner. Nous nous rangeons donc à l’opinion de M. de Rougemont, lorsqu’il déclare qu’il serait pour la séparation aux États-Unis, mais pour l’union ou du moins pour l’alliance, dans nos sociétés du continent européen[1].
Nos convictions se sont formées sur ce point lorsque, étu-
- ↑ Les Individualistes et l’Essai de M. le prof. Vinet ; page xxv.