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Page:Baup - Coup d’œil sur la position de l’église nationale du canton de Vaud.djvu/24

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frères dissidents ont, sinon complétement méconnu, du moins laissé dans l’ombre un des caractères distinctifs du Christianisme, sa puissance d’expansion. Ils n’ont pas suffisamment compris que la grande affaire du chrétien est, bien moins d’organiser des églises, de former des congrégations réunies autour de tel ou tel système particulier, que de travailler à amener des âmes à la possession du salut. Sentant l’importance et la nécessité de la sanctification individuelle, ils ont en général tenu peu de compte de l’influence que l’Évangile est destiné à exercer sur les peuples et sur leurs institutions. Comme s’ils craignaient de perdre quelque chose de leur vie intérieure, en restant dans une église de multitude, ou d’y être moins rapprochés de Dieu, ils ont appliqué au Christianisme les principes de séparation extérieure qui n’appartiennent qu’à l’économie légale[1], oubliant que l’enfant de Dieu doit être le sel de la terre et la lumière du monde ; qu’il doit demeurer dans l’état où il était lorsqu’il a été ap-

  1. Ce caractère judaïque n’est pas moins sensible dans les doctrines plymouthistes que dans l’ancienne dissidence. Pour s’en convaincre il suffit de se rappeler l’expression si fréquemment employée par ces frères de : culte en dehors du monde. Ils établissent, il est vrai, la sacrificature spirituelle de tous les enfants de Dieu, mais ils en réservent l’exercice à leur mode de réunion et nient qu’un culte spirituel puisse se rendre là où on lit une liturgie et où un pasteur officie. — Hélas ! que de barrières on élève entre ceux que le Seigneur veut unir ! Pourquoi ces triages et toutes ces divisions le plus souvent pour des points peu importants ? Je me suis souvent demandé si les dissidents admettent en plein la souveraineté et la libre grâce de Dieu, puisqu’ils mettent tant d’importance à des questions secondaires, comme si la grâce de Dieu ne pouvait pas agir avec ou malgré les formes. Ah certainement ! s’ils croient, comme nous n’en doutons pas, que « Dieu ait tant AIMÉ LE MONDE, que de donner son Fils unique afin que QUICONQUE croit en Lui ne périsse point, mais qu’il ait la vie éternelle ; » s’ils admettent dans toute leur force ces admirables paroles, ils ne sont dissidents que pour la forme, et ne le sont plus en réalité dans leur cœur.