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luxueux. Les dames portent alors un busc apparent qui était en bois, en ivoire ou en nacre ; on le découvrait à vue et il pouvait être gravé, damasquiné, ciselé, sculpté même ; on y pouvait mettre des inscriptions et, même lorsqu’il ne fut plus apparent, l’usage n’en continua pas moins, comme en témoigne l’inscription lue sur un busc de baleine d’Anne d’Autriche, qui se termine par «… ma place ordinairement est sur le cœur de ma maîtresse ».

La précieuse porta le corset dit « gourgandine », riche, entr’ouvert par devant à l’aide d’un lacet. Sous Louis XIV, les femmes qui avaient été d’abord somptueuses et gracieuses avec Mme  de Montespan et Mlle  de Fontanges ne tardèrent pas à devenir sévères et empesées avec Mme  de Maintenon. Le corset subit lui aussi ces fluctuations de la toilette générale. Il fut d’abord grand, terminé en bas et en avant par une pointe arrondie, bombé sur les seins, avec un grand busc de haut en bas. C’est à cette époque que Madame de Sévigné écrivait, en parlant d’une jeune fille, « il faut un petit corps un peu dur qui lui tienne la taille ». Mme  de Montespan, en 1641, mit à la mode les robes ballantes, vêtements sans ceintures ; mais cet âge d’or ne dura pas. Avec Mme  de Maintenon, le corsage redevint raide, serré, allongé, produisant la taille en pointe ; plus de décolletage ; le corset cependant fut amélioré : il fut fabriqué en tissu souple en même temps que les hanches étaient avantagées par la « criarde ».

Avec Louis XV, le corset continue à être serré et à descendre très bas : c’est l’époque des vapeurs, si fréquentes chez les dames de la cour. Sous Louis XVI, époque des déshabillés et des demi-déshabillés, le corset se perfectionne, il devient plus souple, est lié par de larges lisières de velours retenues par des agrafes d’argent. En même temps il devient plus confortable : on corrige les défauts des premiers corps à baleine : on les modifie pour les femmes enceintes ; on en fait pour les femmes fortes, pour les seins volumineux ; enfin on imagine des corsets sans baleine pour l’intérieur.

Cet état de choses dura à peu près jusqu’à la Révolution,