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qui « balaya tous ces vêtements, insignes de coquetterie, de richesse, de faste insolent ». Le corset fut supprimé comme séditieux symbole de l’ancien régime. Dès 1793, on ne trouve plus les corps à baleine ni le buste allongé ; c’est l’acheminement vers les modes du premier Empire. On voit apparaître la robe collante en étoffe légère, avec la fine ceinture placée sous les seins, appliquée sur une simple chemise de batiste. L’Antiquité fut en honneur : le zona grec revécut. Le Directoire fit des restaurations archéologiques telles que l’on apprit tout à coup que les « Merveilleuses » ne portaient plus de chemise, parce que, d’après la théorie des costumes étroits et collants, cela dépareillait la taille. Les femmes furent simplement vêtues de robes légères, la beauté plastique étant leur principal mérite.

En 1810, c’est le corset à la « Ninon », petit corselet lacé, qui apparaît après quelques essais infructueux pour restaurer l’ancien corset haut et très serré. Plus tard, c’est le petit corset souple dit à la « paresseuse », sans buscs ni baleine, qui n’avait pour but que de protéger et maintenir sans douleur ; il se laçait par derrière et c’est ce mode de laçage qui persiste encore aujourd’hui et qui permet à la femme de se lacer toute seule.

Sous le second Empire, le corset remonte plus haut : il est muni de larges goussets soutenant et élevant les seins : il a un aspect orthopédique et présente une innovation : le busc, qui jusqu’alors avait été d’un seul morceau, s’entr’ouvre en deux parties.

En 1850, c’est le corset cuirasse qui s’impose, vrai justaucorps, faisant la taille très longue, muni de buscs, lacé par derrière, très serré et tellement que Réveillé-Parise écrit : « Combien de fois avons-nous plaint Mme  de C…, grande, forte et replète, d’une obésité faisant son désespoir… Elle se faisait lacer en trois temps : quand on avait serré à un certain degré, la femme de chambre s’arrêtait, Madame demandait un peu de répit ; puis, au bout de quelques minutes, on serrait davantage, alors Madame demandait grâce ; enfin au bout d’un quart d’heure, on serrait de nouveau : Madame était presque suffoquée ; elle mourut d’apoplexie. »