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très affaiblie et, en admettant que le thorax se développerait, la forme que lui donne le corset suffirait à gêner l’inspiration. M. le Dr  Guillet a, en effet, démontré mathématiquement que plus un thorax est aplati, plus il est dilatable, et c’est dans l’excès contraire que tombe le port du corset en rendant tous les diamètres égaux. Le point maximum de la constriction à la taille, c’est le thorax inférieur que le corset va annuler, tant au point de vue du squelette que du diaphragme, car celui-ci ne pouvant s’étaler va se plisser sur lui-même et, comme les côtes sur lesquelles il s’insère sont à peu près immobiles, il n’agit plus que faiblement sur la respiration.

Aussi lorsqu’une femme met son corset voit-on tout de suite la respiration manifester la première son trouble : elle se précipite, s’accélère d’abord, ensuite le calme reparaît : on peut voir alors que le nombre de respirations par seconde diminue sensiblement et qu’elles sont seulement entremêlées de temps en temps d’une ou deux grandes inspirations. Voilà donc l’intégrité de la fonction respiratoire qui n’est plus maintenue. Le jeu des organes inspirateurs est profondément entravé : le poumon, n’étant plus suffisamment développé, n’offre plus à l’air la surface nécessaire pour le mettre en contact avec tout le sang de l’organisme à hématoser et la cage thoracique, irrégulièrement conformée, n’est plus assez vaste pour que cet organe puisse se développer complètement. Sommes-nous loin des préceptes de Sappey, qui écrivait : « C’est en vain que l’on chercherait dans l’économie un appareil où l’énergie de la fonction soit plus rigoureusement liée au volume de l’organe : une poitrine largement développée accuse toujours des poumons volumineux, une respiration puissante, une nutrition active, un grand développement des muscles ; elle annonce, en un mot, la plénitude de la vie. »

La simple inspection du thorax d’une femme munie de son corset nous montre très nettement que si le bas de la poitrine est à peu près immobilisé, l’augmentation du diamètre antéro-postérieur vis-à-vis du haut du sternum est deux fois plus grande que celle que ce même diamètre subit à la partie infé-