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rieure de cet os. Cela vient de ce que le thorax devant se développer le fait dans la partie restée seule libre en augmentant le seul diamètre qui à cet endroit puisse être développé : l’antéro-postérieur (la respiration prend le type costo-claviculaire). Nous touchons ici à une question qui a soulevé pas mal de controverses. Le type de respiration costal supérieur est-il réellement produit par le corset ou bien est-il l’apanage de la femme ? Actuellement cependant tous les hygiénistes ont la conviction que le corset fait subir cette transformation au type respiratoire normal. M. Marey, à l’aide de chronophotographies faites sur des femmes ayant enlevé leur corset, a démontré de la façon la plus évidente que la respiration abdominale est normale chez la femme. M. Mays (de Philadelphie) est arrivé aux mêmes conclusions en observant des Indiennes n’ayant jamais porté de corset. Il est d’ailleurs facile de se rendre compte que le type costo-supérieur n’existe qu’à l’état latent chez les filles de la campagne ne portant que très rarement un corset.

Du reste, le type de respiration artificielle que la femme est obligée d’employer n’est qu’une compensation insuffisante, car la difficulté de respiration augmente avec le travail à effectuer. La gêne qui en résulte est très manifeste, et très évidente surtout, lorsque la femme se livre à des exercices qui exigent une respiration profonde, tels que la marche précipitée, la montée d’un escalier. Elle se traduit alors par de l’essoufflement, de l’accélération cardiaque, parfois même de la cyanose.

Le chant et la parole, qui ont besoin d’une respiration longue et prolongée, vont s’accomplir avec difficulté, car à l’expiration succédera un besoin irrésistible de respirer fortement. Et comment cela pourrait-il être, puisque M. Garnault, dans son livre Physiologie de la voix parlée et chantée, a constaté, à l’aide du spiromètre, que l’usage du corset réduit, même chez les personnes qui prétendent n’être pas serrées, la capacité respiratoire d’un tiers et qu’une fois le corset enlevé, bien que cette capacité respiratoire augmente immédiatement, elle ne revient jamais aux proportions normales que l’on observe chez une personne de même taille n’ayant pas l’habitude du corset.