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AQUÆUS.

Beauvais en Berri [a], son pays natal, se fit estimer par ses actions militaires, et par ses écrits (B), sous le règne de François Ier. Ce n’est pas que son Commentaire sur Pline, qui est le meilleur de ses ouvrages, soit au fond fort bon (C) ; mais c’était beaucoup, en ce temps-là, qu’un gentilhomme en pût faire autant. Ce Commentaire fut imprimé l’an 1530. Le père Hardouin (D) n’a pas bien su cette date .

  1. Du Verdier, Bibliothéque française, pag. 278.

(A) Il s’appelait en français de l’Aigue. ] C’est ainsi que les Gascons appellent l’eau. Cet auteur se nomme Étienne de l’Aigue dict Beaulnois [* 1], à la tête de sa traduction de César, à l’édition dont je me sers, qui est celle de Paris, chez Pierre Gaultier, en 1546, in-12.

(B) Il s’est fait estimer par ses actions militaires, et par ses écrits. ] Voici l’éloge que le Père Hardouin lui donne : Vir nobilis in primis, ac militiâ quoque exactâ egregiè sordidus [1]. Les ouvrages qu’il publia sont : Singulier traité, contenant la propriété des tortues, escargots, grenouilles, et artichauts, à Lyon, in-8o. [2] ; Les Commentaires de Jules César de la guerre des Romains, et autres expéditions militaires par lui faictes ez Gaules et en Afrique, à Paris, 1531, in-folio. Du Verdier cite cette édition [3]. La Croix du Maine parle de celle de Paris, chez les Angeliers, en 1539 [4], mais non pas de celle dont j’ai parlé ci-dessus dans la remarque (A) Nous allons parler de son Commentaire sur Pline.

(C) Son Commentaire sur Pline... n’est pas au fond fort bon. ] Il est plus considérable par sa grosseur que par la science qu’il contient. L’auteur ne corrige qu’en plagiaire, et saute presque tous les endroits difficiles. C’est le jugement qu’en porte le père Hardouin. Commentarios, dit-il [5], scripsit in omnes Plinii libros : sed mole magis quàm eruditione insignes. Nec verò emendationes ullas habet, quàm quas a Rhenano mutuatus est : ei ea ferè in quibus salebrarum est aliquid aut ambagis, solet is ceu foveam, securus prætergredi. Il tomba dans le défaut de plusieurs autres écrivains : il s’accommoda du bien d’autrui, sans nommer son bienfaiteur ; et il ne le nomma, que lorsqu’il voulut le censurer. Rhénanus ne se tut pas en cette rencontre [* 2] : voici ce qu’il écrivit à un médecin du cardinal de Mayence : Hoc mirum, quòd quùm ex meis castigationibus nonnihil sit adjutus, nusquàm tamen meî mentionem facit, nisi quoties vult reprehendere [6]. Le jugement général qu’il fait de ce livre-là mérite d’être rapporté : In primis ipsum volumen non est exiguum, ex variis congestum autoribus, quod usui pauperculis esse possit, qui non habent bibliothecam instructam, putà Aristotelem et Albertum de Animalibus, Raphaelem Volaterranum, ex quo integra fermè capita autor transcripsit bonâ fide, hoc est, unà cum ipsis mendis ne syllabâ quidem mutatâ, Cælium Rhodiginum, Columellam etiam, Palladiumque, et similes scriptores. Nam hoc præcipuè habet studio, citare testimonia autorum qui cum Plinio faciunt, de verbis ipsis minimùm sollicitus, quòd illi penitùs puerile videtur. In summâ liber talis est, qui si non magnoperè juvet, excitet tamen litteras, et Plinium ipsum vulgo fortassis commendet, quæ mihi res in primis grata est [7].

(D) Le père Hardouin n’a pas bien

  1. * La Monnoie, dans ses remarques sur la Croix du Maine, fait mourir Aquæus en 1533 : Leclerc dit 1537.
  2. * Sa lettre, dit Leclerc, est du mois de mars 1531 (1532 à notre calcul).
  1. Harduinus, præfat., in Plinium.
  2. Du Verdier, Bibliothéque française, pag. 278. La Croix du Maine marque l’édition de Paris, en 1530.
  3. Du Verdier, Bibliothéque française, pag. 278.
  4. La Croix du Maine, Bibliothéque française, pag. 76.
  5. Barduinus, Præfat., in Plinium.
  6. Voyez la lettre de la Centuria Epistolarum Philologicarum, publiée par Goldast, pag. 196, édition de 1674.
  7. Ibidem.