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AQUAVIVA.

su la date de l’édition du Commentaire d’Aquæus sur Pline. ] Il remarque que Sigismond Gelenius publia un volume de corrections sur Pline, l’an 1535, et que, l’année suivante, Béatus Rhénanus fit paraître son travail sur le même auteur ; et qu’au bout de quatre ans notre Aquæus fit imprimer son Commentaire [1]. Il faudrait donc qu’il eût publié l’an 1540. Or il est certain qu’il le publia en 1530. Je m’imagine que le père Hardouin s’est abusé, pour n’avoir pas su que Gelenius travailla deux fois sur Pline, avant l’édition de 1535 [2]. Il se peut faire que le livre d’Aquæus soit postérieur de cinq ans aux premières corrections de Gelenius.

  1. Harduinus, Præfat., in Plinium.
  2. Voyez la lettre LXIX du XXXe. livre d’Érasme, pag. 1957.

AQUAVIVA (André-Matthieu), duc d’Atri, dans le royaume de Naples, et fils de Jules Aquaviva, comte de Conversano (A), ajouta à l’éclat de sa naissance une érudition qui le rendit très-illustre, vers la fin du XVe. siècle, et au commencement du XVIe. Il ne se contenta pas d’étudier, et de se familiariser avec les savans ; il se mêla aussi de faire des livres, et il s’en tira honorablement, comme il paraît par l’ouvrage qu’il intitula L’Encyclopédie, et par un autre, où il traite de la Vertu morale (B). Il fit aussi un livre de Re Equestri. Mais avant que de s’appliquer aux lettres avec tant d’ardeur, il avait donné au métier des armes tout ce que sa naissance pouvait exiger de lui ; et il s’y était signalé, encore que la fortune lui eût été fort contraire. Il s’était trouvé deux fois à des batailles perdues, et y avait été blessé et fait prisonnier. L’étude le consola dans sa prison, et il fut assez heureux pour obtenir sa liberté de Ferdinand roi d’Aragon, lorsque Gonsalve, surnommé le grand capitaine, le voulait envoyer en Espagne, avec les autres prisonniers. Depuis ce temps-là, il jouit tranquillement des douceurs de la vie privée, au milieu des livres, et de la conversation des hommes de lettres, dont il se vit fort loué et fort honoré (C). Il inspira la même ardeur pour l’étude à son frère Bellisaire, qui devint lui aussi auteur (D). Notre Aquaviva aurait été plus heureux, s’il eût été un peu meilleur économe ; mais pour avoir fait trop de dépenses, pendant plusieurs années, il se trouva enfin incapable d’en faire assez. Il mourut à Conversano, âgé de soixante-douze ans, lorsque les troupes de France, sous la conduite de Lautrec, ravageaient la Pouille [a] ; c’est-à-dire, l’an 1528.

  1. Ex Jovii Elog. doctor. Vir., cap. LXIII.

(A) Il était fils de Jules Aquaviva, comte de Conversano. ] Ce comte se distingua en plusieurs rencontres par sa valeur, et il commandait l’armée de Naples, lorsqu’il fut tué dans une escarmouche, pendant que les Turcs assiégeaient Otrante, l’an 1480 [1]. Son fils, dont nous parlons dans cet article, fut inconsolable de cette perte assez long-temps [2].

(B) Il a fait un ouvrage où il traite de la vertu morale. ] Il semble que Paul Jove veuille dire que c’était un commentaire sur le traité de Plutarque de la vertu morale ; et c’est ainsi que l’auteur moderne des notes sur les poésies latines de Sannazar l’a entendu : Librum nempè nobilem cui Encyclopædia nomen, itemque Com-

  1. Voyez l’Histoire de Mahomet II, par Guillet, tom. II, pag. 373.
  2. Voyez les vers que Marulle lui adressa, Epigramm., lib. I, pag. 16.