dans l’exécution, était exigible de droit : aussi fut-elle demandée par le duc, mais refusée par le marquis. »
Après avoir examiné ces observations de M. de la Monnoie, je lui proposai encore quelque doute ; et voici de quelle manière il confirma de nouveau son sentiment : Vous ne devez nullement douter que François d’Arezzo, traducteur de quelques ouvrages grecs, et François d’Arezzo, jurisconsulte, dont nous avons des Commentaires sur le Droit, et des Conseils, ne soient un seul et même auteur. Volaterran, qui pouvait avoir vu le jurisconsulte, lui attribue, outre la science du droit, une grande connaissance des belles-lettres [1]. Philelphe, qui écrivait quelques années auparavant, dit la même chose. On voit par les témoignages des épîtres que je vous ai citées, qu’il y avait de son temps un Franciscus Aretinus, ou Arretinus, (comme lui et d’autres écrivent toujours) son disciple, chevalier, jurisconsulte, professeur en droit dans l’université de Sienne, homme excellent en toute sorte de littérature. J’ajoute ce passage à ceux que je vous ai déjà envoyés. Il est de la Ire. épître du XXVIe. livre, laquelle est une invective contre Léodrisio Crivello : At laudas Franciscum Arretinum, et jure quidem, sed, ut arbitror, dormitans. Egisti enim præter ingenium, et consuetudinem tuam. At meretur Franciscus Arretinus, cùm sit tum jureconsultorum omnium præstantissimus, tum nullius præclaræ disciplinæ ignarus. Tamen laudari à te flagitiorum ormnium scelerumque sentinâ, dedecorosum est. Jubes ab illo ut discam : rectè mones, nam non ab isto solùm, sed etiam abs te ipso, si quid boni afferre posses, non invitus discerem. Sed cur quem tantoporè laudas, non item imitaris ? Ille prædicat apud omnes discipulum se meum extitisse, mihique tribuit tantas laudes, quantis vellem me non carere. At est te, inquis, omni doctrinâ præstantior. Non eo inficias, neque fero graviter me à multis etiam discipulis meis superari, id quod sine aliquâ meâ laude fieri non potuerit, siquidem hi grati esse voluêre. Cette lettre est du 1er. d’août 1465. À peu près dans le même temps, Janus Pannonius, qui étudiait alors en Italie, adressa une épigramme à notre François d’Arezzo, dont voici les deux premiers vers :
Francisce interpres legum, ô Aretine, Sacrarum,
Nec minùs Aoniâ nobilis in citharâ.
Il est donc sûr que ce professeur en
droit à Sienne, nommé François d’Arezzo,
ou Arétin, était savant dans
les belles-lettres : il n’est pas moins
sûr que le nom de famille de ce même
professeur était Accolti. Vous pouvez
l’en croire lui-même. Ego Franciscus
de Accoltis de Aretio, dit-il au bas de
son CXVIIIe. conseil, Decretorum
Doctor, Senis ordinariè legens, et illustris
D. Marchionis Estensis Consiliarius,
et ad fidem me subscripsi, et
meos solito signo signari jussi. Les
temps se rapportent. Volaterran dit
que Francois Arétin, humaniste et
jurisconsulte, fut à Rome sous Sixte IV.
C’est contre le même Sixte que
François Accolti écrivit son CLXIIIe.
conseil en faveur de Laurent de Médicis
et des Florentins que ce pape avait
excommuniés à cause du meurtre de
l’archevêque de Pise, et de l’emprisonnement
du cardinal son petit-neveu. Volaterran
dit que François Arétin étant
allé à Rome, plein de grandes espérances,
en partit bientôt, voyant que le
succès n’y répondait pas à son attente.
D’où je tire la conséquence que François
Accolti, qui est le même que le
François Arretin de Volaterran, se
chargea d’autant plus volontiers d’écrire
pour les Florentins contre Sixte,
qu’il se souvint que ce pape l’avait
laissé partir de Rome sans reconnaître
son mérite. Peut-être même que c’était
dans la vue de quelque dignité ecclésiastique
dont il se flattait (comme
on l’a dit du jurisconsulte Jason),
qu’il n’avait point voulu se marier.
Reste le scrupule de la différence qui
se trouve entre la diction d’Arétin,
professeur en droit, et celle d’Arétin,
- ↑ Voici les paroles de Volaterran, à la fin du XXIe. livre, pag. 782. Alexander Imolensis, et Franciscus Aretinus, ambo Scriptis excellentibus nuper relictis in memoriâ posteritatis vivent. Franciscus, præter jura, cæteras etiam liberales artes est adeptus, princeps seculi hujus habebatur. Xisti tempore magnâ expectatione in hanc urbem venit, paulòque post spe frustratus remigravit impari doctrinæ sapientâ vitæque instituto, cùm io cælibatu vixerit, ac opibus inhiaverit ; quas cumulatissimas cognatis demùm reliquit.