Page:Bayle - Dictionnaire historique et critique, 1820, T02.djvu/299

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
289
ARÉTIN.

Maxime ce que peut la bonne opinion que l’on a conçue d’un homme [1].

(E) Son frère se rendit fort illustre sous le nom de Benedictus Accoltus Aretinus. ] Il naquit l’an 1415, et après avoir bien fait ses humanités, il s’appliqua à l’étude de la jurisprudence avec tant d’ardeur qu’il ne tarda guère à parvenir au doctorat : après quoi, tant par des leçons publiques, que par des consultations [2], il se mit au rang des jurisconsultes les plus renommés. Il ne renonça point aux belles-lettres, et il écrivit des traités qui sont une preuve qu’elles ne lui étaient point indifférentes. Son dialogue de Præstantiâ Virorum sui ævi fut imprimé à Parme, l’an 1692, sur le manuscrit que M. Magliabecchi avait fourni. Il fut premier secrétaire de la république de Florence, les sept dernières années de sa vie. Il mourut à Florence, l’an 1466, âgé de cinquante-un ans. Son fils Pierre, grand jurisconsulte, ayant été auditeur de rote pendant vingt-cinq années, fut honoré du chapeau de cardinal par le pape Jules II. Il eut un autre fils, nommé Michel, qui fut père de Benoît Accoltus. Celui-ci fut secrétaire de Clément VII, et puis cardinal [3]. Voyez le Dictionnaire de Moréri, au mot Accolti.

  1. Valer. Maximus, lib. III, cap. VII, num. 8.
  2. Il y en a quelques-unes d’imprimées.
  3. Tiré de la Vie de Benedictus Accoltus, à la tête du dialogue de Præstantiâ Virorum sui ævi.

ARÉTIN (Gui), moine de l’ordre de saint Benoît, vivait dans le XIe. siècle. Il s’est rendu célèbre pour avoir trouvé une nouvelle méthode d’apprendre la musique. Il publia sur ce sujet un livre qu’il intitula Micrologus, et une lettre, qui a été insérée par le cardinal Baronius dans ses Annales, sous l’an 1022. Il était âgé de trente-quatre ans, lorsqu’il publia le Micrologus, sous le pontificat de Jean XX ; et il avait été déjà trois fois appelé à Rome, par le pape Benoît VIII. Ce pape avait examiné l’Antiphonaire d’Arétin, et admiré diverses choses qu’il avait apprises de cet auteur. Voilà ce que nous en dit Possevin dans son Apparat [a]. Pour dire quelque chose touchant cette invention de Gui Arétin, je dois remarquer que c’est lui qui a trouvé les six notes, ut, re, mi, fa, sol, la. On veut que les noms de ces six notes aient été empruntés d’une hymne qui contient ces vers sapphiques.

UT queant laxis RE sonare fibris
MIra gestorum FAmuli tuorum,
SOLve pollutis LAbiis reatum [b].

Il n’a fallu pour cela que prendre la première et la sixième syllabe de chaque vers. Il y en a qui prétendent que le mot gamme, si ordinaire dans la musique, est venu de ce que Gui Arétin s’étant servi des premières lettres de l’alphabet pour désigner ou pour coter ses notes, y employa la lettre G, que les grecs appellent gamma ; et qu’il le fit pour marquer que la musique état venue de Grèce [c]. Ceux qui lui attribuent un livre contre Bérenger se trompent (A).

  1. Pag. 694.
  2. Voyez Vossius, de Musice, pag. 40.
  3. Furetière, au mot Gamme.

(A) Ceux qui lui attribuent un livre contre Bérenger se trompent. ] Vossius a donné dans cette erreur, et a établi par-là qu’il florissait sous l’empereur Conrad le jeune ; et qu’ainsi ceux qui l’ont placé cent ans après n’ont pas eu raison [1]. L’erreur dont je parle ici est venue de ce qu’on a confondu Gui Arétin avec un autre moine nommé Guitmond, qui était du couvent de Saint-Leufred, ordre de saint Benoît, dans le diocèse d’É-

  1. Vossius, de Musice, pag. 40.