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AURIÈGE.

AUROGALLUS (Matthieu), savant homme du XVIe. siècle, et professeur en trois langues dans l’académie de Wittemberg [a], était né dans la Bohème. Il avait été curieux de ramasser beaucoup de livres de la bonne antiquité, et il ne se contentait pas de les aimer comme font tant d’autres, qui cherchent à se faire un nom par leurs nombreuses bibliothéques ; il en aimait aussi beaucoup la lecture. J’ai vu une épître dédicatoire [b], où on l’exhorte à publier le Médecin Aëtius, XIX livres de l’Histoire naturelle composés par un auteur inconnu, les Hymnes de Callimaque, les Harangues des dix orateurs d’Athènes, et plusieurs autres manuscrits grecs, apportés du Levant en Bohème par le baron Bohuslas de Hassensteyn, et parvenus entre ses mains cognationis et studiorum hæreditario jure. Il semble qu’on pourrait inférer de ces paroles latines, qu’il était parent de ce baron [* 1], On a quelques livres de lui (A). Il mourut l’an 1543[c], et avait été d’un grand secours à Luther dans la traduction de la Bible.

  1. * Le duchat pense que cognationis jure ne veut dire autre chose, sinon que Hassensteyn étant homme de lettres aussi-bien qu’Aurogallus, et Bohémien comme lui, on exhorte celui-ci à publier des manuscrits que ce baron avait apportés en Bohême, et lesquels Aurogallus s’était appropriés par avance en vertu du droit que semblaient lui donner leurs communes études et leur patrie commune.
  1. Voyez l’Épître dédicatoire de Parthenius de Amatoriis Affectibus, par Janus Cornarius, medicus Zuiccaviensis, datée du 1er. d’avril 1530.
  2. Celle dont il est parlé dans la citation précédente.
  3. Micrælius, Syntag. Histor. Konig se trompe de mettre 1533, et de citer Micrælius.

(A) On a quelques livres de lui. ] Je ne sache point qu’on en ait d’autres que Compendiun Hebrææ Chaldææ que Grammatices, imprimé à Wittemberg, in-8°., l’an 1525, et à Bâle, l’an 1539, et de Hebræis Urbium, Regionum, Populorum, Fluminum, Montium, et aliorum locorum Nominibus Liber, è veteri instrumento congestus, imprimé à Wittemberg l’an 1526, et à Bâle en 1539, in-8°.[1]. Cette seconde édition avait été augmentée par l’auteur.

  1. Epit. Biblioth. Gesneri.

AUSONE, en latin Decius, ou plutôt Decimus Magnus Ausonius, l’un des plus excellens poëtes du IVe. siècle, était de Bordeaux [a], et fils d’un célèbre médecin (A). Il fut élevé avec des soins tout particuliers : toute la famille s’y intéressa [b], soit à cause que son esprit promettait beaucoup, soit à cause que son horoscope faisait croire qu’il parviendrait à de grands honneurs (B). Il fit des progrès admirables dans les belles-lettres ; et à l’âge de trente ans, il fut choisi pour enseigner la grammaire dans Bordeaux [c]. Il y fut promu quelque temps après à la charge de professeur en rhétorique [d]. Il s’acquit une si belle réputation dans cet emploi, qu’on l’attira à la cour impériale, pour le faire précepteur de Gratien, fils de l’empereur Valentinien. Il se rendit très-agréable, et à son disciple, et au père de son disciple, et il en reçut des récompenses et des dignités qui le rendirent un exemple con-

  1. Auson., in Præfat. ad Syagrium.
  2. Voyez les poëmes d’Ausone intitulés Parentalia.
  3. Ausonius, in Præfat. ad Syagrium.
  4. Auson., in Professorib., num. 24, pag. 187.