Viveret ut potiùs, quàm diceret arte sophorum,
Quamquam et facundo, non rudis ingenio[1].
Il ne laissait pas d’être éloquent, non
pas en latin, mais en grec :
Sermone impromptus latio, verùm attica lingua
Suffecit culti vocibus eloquii[2].
Ne nous étonnons point si après sa
mort on l’honora de cet éloge : Il n’y
a personne qui l’imite ; il n’y avait eu
personne qu’il imitât.
Indè et perfunctæ manet hæc reverentia vitæ,
Ætas nostra illi quòd dedit hunc titulum :
Ut nullum Ausonius, quem sectaretur, habebat :
Sic nullum, qui se nunc imitetur, habet[3].
Notez qu’il fut honoré de quelques
charges illustres, sans avoir la peine
de les exercer, et qu’il mourut à l’âge
de quatre-vingt-dix années, sans
avoir senti la caducité. Il marchait
encore sans bâton, il ne lui manquait
aucune partie :
Curia me duplex, et uterque senatus habebat
Muneris exsortem, nomine participem[4].
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Ipse nec affectans, nec detrectator honorum,
Præfectus magni nuncupor Illyrici[5].
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Nonaginta annos baculo sine, corpore toto
Exegi, cunctis integer officiis[6].
Il composa en latin quelques ouvrages
de médecine, dont Vindicianus[7]
et Marcellus[8] ont fait mention
honorablement. Scaliger affirme qu’il
fut médecin de l’empereur Valentinien ;
et cela avant même que son fils
eût été choisi pour précepteur de
Gratien[9] : je n’en ai trouvé aucune
preuve dans Ausone.
(B) Son horoscope faisait croire qu’il parviendrait à de grands honneurs. ] Cæcilius Argicius Arborius, son aïeul maternel, entendait l’astrologie, et avait dressé cet horoscope. Il le tenait caché, mais sa fille le déterra. C’est Ausone lui-même qui nous apprend ces particularités.
Tu cæli numeros, et conscia sidera fati
Callebas, studium dissimulanter agens.
Non ignota tibi nostræ quoque formula vitæ :
Signatis quam tu condideras tabulis :
Prodita non unquàm. Sed matris cura retexit
Sedula, quam timidi cura tegebat avi[10].
Il ajoute qu’Arborius, exposé de
temps en temps aux coups de la mauvaise
fortune, et pleurant son fils qui
était mort âgé de trente ans, se consolait
dans ses disgrâces par l’espérance
des dignités que l’étoile promettait
à son petit-fils.
Dicebas sed te solatia longa fovere,
Quòd mea præcipuus fata maneret honos.
Et modò conciliis animarum mixte piorum
Fata tui certè nota nepotis habes.
Sentis quod quæstor, quod te præfectus, et idem
Consul, honorifico munere commemoro[11].
Remarquez bien qu’il suppose que
l’âme de son aïeul n’ignorait point
dans le séjour des bienheureux l’accomplissement
de l’horoscope, et le
détail des dignités que notre poëte
avait obtenues à la cour impériale. Il
est moins orthodoxe en un autre endroit,
car il y doute s’il reste quelque
chose de nous ou non, après notre
mort :
Et nunc, sive aliquid post fata extrema supersit,
Vivus adhuc, ævi quod periit meminens ;
Sive niluil superest, nec habent longa otia sensus,
Tu tibi vixisti : nos tua fama juvat[12].
Je ne sais si ceux qui disent qu’il
était païen ont jamais cité ce passage
comme une preuve de leur sentiment.
(C) On ne saurait douter qu’il ne fût encore en vie l’an 388, et même l’an 392, et qu’il n’ait vécu longtemps. ) Il parle[13] de la punition du tyran Maxime, que Théodose fit périr l’an 388[14]. Baronius prouve que Paulin se consacra à la vie monastique dans sa retraite de Nole, l’an 394[15]. Ce ne fut que peu d’années après la vie dévote qu’il avait
- ↑ Auson., in Parental., cap. I, pag. 110.
- ↑ Idem, in Epiced., pag. 208.
- ↑ Idem, in Parental., cap. I, pag. 110.
- ↑ Idem, in Epiced., pag. 298.
- ↑ Idem, ibid., pag. 302.
- ↑ Ibidem, pag. 303.
- ↑ Voyez Scaliger, in Vitâ Ausonii.
- ↑ Marcell., in Epist. præfixâ, lib. de Medicâ, et cap. XX ejusd. libri.
- ↑ Scaliger., in Vitâ Ausonii.
- ↑ Auson., in Parental., cap. IX, pag. 117.
- ↑ Idem, ibid., pag. 118.
- ↑ Idem, in Professoribus, cap. I, in fine, pag. 168.
- ↑ In Claris Urbibus, cap. VII, pag. 237.
- ↑ Et non l’an 391, comme l’assure Vinet sur cet endroit d’Ausone. Il est plus exact dans la Vie d’Ausone : il y marque l’an 388.
- ↑ Baron., Annal., ad ann. 394, num. 72, pag. 884.