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DAVID.

pourvut mieux d’asile qu’auparavant au pays des Pinlistins [a]. Il demanda au roi de Geth une ville pour sa demeure, d’où il fit cent courses sur les pays d’alentour [b]. Il retourna en Judée après la mort de Saül, et fut déclaré roi par la tribu de Juda [c]. Cependant, les autres tribus se soumirent à Isbozet fils de Saül : la fidélité d’Abner en fut cause [d]. Cet homme, qui avait été général d’armée sous le roi Saül, mit Isbozet sur le trône et l’y maintint contre les efforts de David ; mais n’ayant pu souffrir qu’Isbozet le censurât d’avoir pris une concubine de Saül [e], il négocia avec David pour le mettre en possession du royaume d’Isbozet. La négociation eût été bientôt conclue au contentement de David, si Joab [f], pour venger une querelle particulière, n’eût tué Abner. La mort de cet homme ne fit que hâter la ruine du malheureux Isbozet : deux de ses principaux capitaines le tuèrent, et portèrent sa tête à David qui, bien loin de les en récompenser comme ils s’y étaient attendus, donna ordre qu’on les tuât [g]. Les sujets d’Isbozet ne tardèrent guère à subir volontairement le joug de David. Ce prince avait régné sept ans et demi sur la tribu de Juda : depuis il régna environ trente-trois ans sur tout Israël [h]. Ce long règne fut remarquable par de grands succès et par des conquêtes glorieuses : il ne fut guère troublé que par l’attentat des propres enfans du prince (E). Ce sont ordinairement les ennemis que les souverains ont le plus à craindre. Peu s’en fallut que David ne retournât à la condition chétive où Samuel le trouva. Humainement parlant, ce revers lui était inévitable (F), s’il n’eût trouvé des gens qui firent l’office d’un traître auprès d’Absalom son fils [i]. La piété de David est si éclatante dans ses psaumes, et dans plusieurs de ses actions, qu’on ne le saurait assez admirer. C’est un soleil de sainteté dans l’église : il y répand par ses ouvrages une merveilleuse lumière de consolation et de piété ; mais il a eu ses taches (G). La vie de ce grand prince, publiée par M. l’abbé de Choisi est un bon livre, et serait beaucoup meilleur si l’on avait pris la peine de marquer en marge les années de chaque fait, et les endroits de la Bible ou de Josephe qui ont fourni ce que l’on avance. Un lecteur n’est pas bien aise d’ignorer si ce qu’il lit vient d’une source sacrée, ou d’une source profane. Je ne marquerai pas beaucoup de fautes de M. Moréri (H). L’article de David, que je viens de lire dans le Dictionnaire de la Bible, me fournira la matière d’une remarque (I).

  1. Ier. livre de Samuel, chap. XXVII.
  2. Là même.
  3. IIe. livre de Samuël, chap. II, vers. 4.
  4. Là même, vers. 8.
  5. Là même, chap. IIIe.
  6. C’était le général d’armée de David.
  7. Là même, chap. IV.
  8. Là même, chap. V, vers. V.
  9. Là même, chap. XV, vers. 34 et suiv.

(A) Il était le plus jeune des fils d’Isaï Béthléémite. ] Isaï descendait en droite ligne de Juda, l’un des douze enfans de Jacob, et demeurait à Bethléem, petite ville de la tribu de Juda. Quelques nouveaux rabbins di-